Jérôme


  ** La Lettre
 
  À Ballan, le 12 janvier,
 
  Très cher,
 
  (J’ouvre une parenthèse car voici que se présente le premier problème : celui de l’apostrophe. Il faut en convenir, c’est un sujet crucial : c’est ainsi que commence toute lettre. Et de grâce, ne me dites pas que j’oublie le lieu et la date… Merci. Bon, il y a bien le « cher ami » d’un classicisme intemporel, mais dans notre cas, il s’agirait au mieux d’un mensonge. Non, vraiment, je m’en tiendrais au « très cher ». Déjà, c’est fort respectable, mais surtout c’est parfaitement honnête.
  Maintenant, le vouvoiement. Cela aussi, croyez-le bien, me plait. Je pense que vous y voyez une marque de respect, là où moi je n’y vois qu’une marque de distance. Avouez que je suis honnête. Mais surtout j’aimerais que vous réfléchissiez plus avant à l’emploi précis de ce vouvoiement. Comment cet usage peut vous agréer autant qu’à moi, alors que nous y voyons chacun une chose différente. Vous ne comprenez pas ? J’y viens.)
  Très cher, donc, nous nous connaissons assez peu, encore que, jusqu’à aujourd’hui nous ayons toujours entretenu de parfaits rapports. Parfaits, mais dissymétriques, avouons-le : je ne pourrais me passer de vous, alors que l’inverse ? Je sais que par définition toute relation humaine est nécessairement asymétrique, mais à ce point ?
  Vous savez tout de moi, et moi rien de vous. Et c’est pour cela que je m’insurge. Tout cela est-il bien juste ?
  Alors de grâce, je vous prierais de bien vouloir revenir, M. le percepteur, sur le montant de mes impôts !
  Bien à vous,
  J.
 
  ** Idées en vrac
 
  Problème / Représentation / Engagement => Changement de vie
  Terrorisme sentimental / Cri primal
 
  Les yeux bleus des enfants étonnés
 
  ** Idée lecture
 
  L’écriture / carnet de voyage (Dominique Vaudolet)
 
  ** Réponse à une lettre
 
  Ma très chère amie,
 
  Je te vois embarrassée, et j’en souffre. Tu souhaites que je te trouve des excuses, sur ce point je ne puis t’aider, j’en ai bien peur.
  Quelle leçon pourrais-tu tirer de cette histoire si quelqu’un te trouvait des excuses ? Non, non, n’insiste pas et avançons.
  En premier lieu, ce voyage t’est-il si important ? Si non, alors le problème est réglé. Je t’en prie ne me remercie pas. Au ton de ta lettre, je me doute que c’est plus important. Ah, es-tu donc matérialiste !
  Ne t’inquiète pas, voici ce que tu vas faire : débrouille-toi pour rencontrer cette dame par hasard. (Oui, je sais, cela peut être compliqué.) Quand tu la verras, bise-là avec énergie, et ris de ton mieux.
  Devant son étonnement, tu lui expliqueras le petit tour que tu as joué aux Charles en voulant leur faire croire que tu étais brouillée avec elle. Tu verras : elle sera ravie de l’importance que tu lui prêtes.
  Voilà ton problème est maintenant réglé pour de bon.
 
  Ta dévoué amie, Anna
 
  PS : Si tu as prévu un quelconque voyage avec les Charles, inutile de m’écrire.
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(Dim 23 Janvier 2011 19:24)